Interview

Christian Aschman

Artiste / Photographe au MKH durant la saison 19/20
Préserver avec la photographie pour lutter contre la tendance à la destruction

 
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© Veronique Kolber

01.07.2019 - 01.07.2020

 

Christian Aschman, vous êtes photographe indépendant depuis 1992. Après vos études à Bruxelles, vous vous êtes établi comme photographe de publicité et de mode. Comment s’est passé ce changement de goût pour l’ostentatoire et le glamour vers la destruction architecturale ?

J’ai toujours voulu devenir architecte. J’ai souvent réalisé mes portraits ou mes photos de mode dans un cadre architectural, urbain.

Actuellement, vous êtes en charge de deux chantiers long-terme :
la destruction et la reconstruction du nouveau Hamilius au centre-ville et du Agrocenter à Mersch.

Je sépare les deux et ne travaille que sur ce qui est imminent. Je suis animé par le besoin de capter ce qui peut encore être capté. Au Luxembourg il faut se dépêcher et être sur le qui-vive, on est constamment en train de démolir. N’y a t’il plus personne pour penser de manière préventive ? Y a t’il un manque de sensibilité ? A Mersch, j’ai loupé le coche pour certaines choses. Cela me fâche.

Pour Hamilius, votre donneur d’ordre est un promoteur, pour l’Agrocentre le CNA. L’arrière-pensée du premier est de revaloriser un projet et ses collaborateurs, celle du deuxième de revaloriser un site. Où trouvez vous votre liberté artistique là-dedans ?

Les deux m’ont quasiment donné carte blanche. Même si Hamilius est une commande plus commerciale qui me demande de mettre des accents positifs dans ma documentation. Mersch, c’est autre chose. L’été dernier, je ne connaissais de l’Agocenter que la vue sur les Silos. J’ai seulement réalisé après-coup qu’une surface énorme avec un abattoir gigantesque se cachait derrière les arbres. Un site mystérieux qui soulève des questions. Comme d’habitude, j’ai fait mes recherches. J’ai trouvé des articles de presse – certains critiquent déjà la construction de l’Agrocenter vers la fin des années 50 – et des photos de la photothèque de la Ville de Luxembourg – comme par exemple celles de mon oncle Pol Aschman qui était photojournaliste. Je n’ai pas trouvé grand-chose à découvrir, ce qui m’amène à faire sur le terrain une sorte de travail archéologique avec ma caméra. Capter des fragments et de matériaux avec mon objectif, mais réaliser aussi des vues d’ensemble pour rendre tangible l’ampleur et l’espace du lieu.

Ce travail à Mersch semble très émotionnel. Est-ce que chaque mission change quelque chose en vous ?

Oui, dénitivement ! Je ne comprends tout simplement pas ce manque d’intérêt. C’est pour cette raison que j’essaye de m’engager, avec ma photographie, pour une architecture peu reconnue. Pour beaucoup de gens, ce n’est qu’un morceau de béton, mais moi j’y suis sensible. Je suis content de pouvoir exposer au Mierscher Kulturhaus : c’est ici justement que les jeunes et moins jeunes doivent encore avoir la possibilité de rentrer en contact avec le sujet de l’Agrocenter.

L’interview a été réalisé par Kerstin Thalau.

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